Le guêpier d’Earl Jones

18 août 2009

Non, il ne travaillait pas seul. L’imposteur financier (sans permis) Earl Jones a pigé au moins 12 millions dans les poches de ses proches, parents, clients et amis. Le syndic a publié cette information partielle au conditionnel, car, il manque les relevés bancaires de 2000 à 2007. Imaginez, on a l’historique des transactions bancaires de 15 années sur 23 et on constate déjà le pire des scénarios. Il pigeait allègrement pour faire la grosse vie sale, point. 170 000$ en voitures, 600 000$ pour les études de ses enfants (au collège Notre-Dame ou Brébeuf?) 610 000$ en entretien et meubles, 890 000 comptant, 530 000$ pour rembourser ses cartes de crédit! Il doit en avoir des Air Miles ce gars-là!… Bref sur le total de 12 millions, il s’est fait du fun avec 8,1 millions! La différence: SES honoraires, des versements à diverses personnes et 500 000$ aux Bermudes!

Donc, 12 millions de SES clients ont été siphonnés sans retourner d’une quelconque manière en investissements. Le gros party, quoi!

Pour mieux noyer le poisson, Earl Jones transigeait avec 93 institutions financières, dont 50 banques autant canadiennes, américaines, irlandaises, suisses, anglaises, aux Bermudes et aux îles Caymans.

Là où je veux porter votre attention, victimes et lecteurs, c’est sur le Club des tinamis qui entouraient Jones. En plus des banques, il brassait des affaires avec treize cabinets d’avocats et de notaires et douze firmes de courtage, sept entreprises de gestion de biens, six cabinets d’assurances, une firme de conseils en retraite, une agence de voyages et une société en fiducie…

Et personne n’a allumé? Je ne crois pas ça! Il vidait les comptes des grand-mamans par le guichet automatique. Personne ne voulait voir clair ou quoi? On croyait peut-être que Pépé flambait 70 000$ par mois au Casino et que Jones était donc fin en allant le conduire?

Non. De ses sorties d’argent comptant il est certain que le Club des tinamis a été graissé et entretenu. On n’achète pas le silence si longtemps avec des peanuts pis du Coke. Les victimes doivent faire vite et inscrire s’il le faut, des saisies avant jugement sur les biens des avocats, notaires et banquiers qui ont reçu des honoraires de complaisance ou de référence. Vite, un bon coup de pied dans le nid de guêpes!

Ces supposés professionnels ont manifestement tourné les coins ronds en voyant de leurs yeux ronds, la palette de billets que Jones leur ventilait sous le nez! Le silence; il est là le scandale! L’indifférence devient du mépris lorsqu’on monnaye ses semblables de la sorte.

On estime que plus de 250 personnes auraient perdu l’équivalent de 50 millions entre les mains de cet imposteur. Le choc est d’autant plus violent qu’on sait très bien que nos voleurs «Double-Breasted» hériteront comme pénitence que d’un court séjour dans le gîte touristique 4 étoiles de Ste-Anne-des-Plaines. Nos lois disent à ces crapules que de ruiner des familles, c’est moins pire que de faire un hold-up au couteau dans un Couche-Tard. Pourtant, l’insécurité causée par les pertes financières occasionne de vrais maux et de vrais drames. On dénigre souvent les politiques américaines, mais, en ce qui à trait aux crimes économiques, ils ont des outils juridiques nécessaires et exemplaires. Combinés à la crise, ces crimes changent et détruisent des vies. Il faut les traiter comme des crimes violents. Amenez-le ce projet de loi!

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Par Fabien Major

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