Catastrophe au Japon: Le gestionnaire Richard Jenkins était sur place

17 mars 2011

Richard Jenkins, président de Black Creek Investment Management est le gestionnaire principal du fonds d’actions internationales Castlerock (placement CI). Il connaît bien le pays du soleil levant. Avec  un peu de recul, il peut témoigner de ce qu’il a vécu et partager avec nous sa vision des défis qui attendent les Japonais. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Japon s’en remettra et reviendra sans doute plus fort. Jenkins a déjà ciblé les sociétés d’envergure qui vont tirer partie de la reconstruction du pays.

L’ampleur des catastrophes qui a frappé le Japon la semaine dernière est véritablement tragique. J’étais à l’aéroport de Narita en compagnie d’un certain nombre d’autres gestionnaires de placements canadiens lors du séisme, et je n’oublierai jamais la volonté de porter assistance des autres voyageurs et de nos hôtes japonais. Je n’oublierai jamais non plus la robustesse de l’immeuble, qui a pu résister à la force du séisme. Aucun autre pays n’est aussi bien préparé que le Japon à faire face à ce genre de catastrophe, qui survient typiquement sans avertissement. Il en est ainsi des placements comme de la vie : soyez prêts au pire, mais espérez le meilleur.
Ma vision du monde ne sera sans doute plus jamais la même, mais j’ai vu ce dont les gens sont capables au cours des deux à trois jours qui ont suivi le séisme et le tsunami, et je ne partage pas le pessimisme de certaines personnes au sujet des effets des événements de la semaine dernière. Certes, beaucoup de gens ont perdu la vie, les dommages matériels sont énormes, des immeubles historiques irremplaçables ont été détruits et on ignore encore l’étendue des répercussions de la catastrophe sur les centrales nucléaires touchées, mais les effets sur l’esprit de corps national des Japonais seront, j’en suis certain, positifs. Le respect du reste du monde sera, lui aussi, profond.

Examinons l’impact des évènements sur :

  • les portefeuilles et les sociétés en portefeuille ;
  • l’économie japonaise et l’économie mondiale ;
  • les enjeux à plus long terme (répercussions positives et négatives) qui risquent de surgir.

Les portefeuilles
Nos risques de pertes sont très très faibles. Seulement 8 % à 13 % de l’actif de nos portefeuilles est investi au Japon. En outre, les sociétés japonaises dans lesquelles nous avons investi mènent, en moyenne, plus de 75 % de leurs activités à l’extérieur du pays, ce qui ramène notre exposition réelle à environ 2 % à 4 %. Enfin, si l’on ne considère que les pertes subies par ces entreprises et la diminution leurs activités commerciales, l’effet direct sur nos placements est inférieur à 1 %. Si l’on ajoute à ce bilan l’exposition des autres sociétés en portefeuille au marché japonais, ce pourcentage pour l’ensemble du portefeuille pourrait s’établir à environ 3 % à 6 % (brut) et peut-être à 1 % à 2 % (net). Nous avions, en effet, minimisé nos placements au Japon en raison des piètres perspectives au chapitre de la demande intérieure découlant caractéristiques démographiques de ce pays (rapport de dépendance) et de l’ampleur de la dette publique japonaise. Le séisme n’a pas modifié notre opinion à ce sujet. Par conséquent, bien que nous puissions envisager certains placements additionnels motivés par une chute des cours, nous ne croyons pas que la catastrophe qui vient de survenir justifie un changement radical des stratégies de placement.

L’économie japonaise et l’économie mondiale
Environ 100 à 500 milliards de dollars d’actifs ont été détruits en une seule journée, et les consommateurs, les États et les sociétés partout dans le monde en ressentiront forcément les effets. Les pires répercussions, toutefois, frapperont le Japon. L’étendue des pertes dépendra de l’assurance, de la réassurance et de la propriété (japonaise ou étrangère) des actifs endommagés. Toutes les réponses à ces questions ne sont pas encore connues. Cette perte unique, quoiqu’importante, ne représente qu’une faible partie de la richesse mondiale, et ses effets ne seront pas catastrophiques.
Compte tenu de l’ampleur de la dette publique du Japon, le redressement de l’économie japonaise exigera une augmentation des dépenses de l’État et le soutien de la banque centrale. Le taux de croissance du PIB ralentira, puis reprendra de la vigueur au fil des activités de reconstruction. À court terme, le cours du yen pourrait augmenter par rapport à l’euro et au dollar américain alors que les investisseurs et les assureurs liquident leurs actifs à l’étranger pour affecter le produit de la vente à la reconstruction. À long terme, l’augmentation de la masse monétaire du yen devrait faire chuter son taux de change et, probablement, rendre le secteur japonais des exportations plus concurrentiel.

Les secteurs et les entreprises qui participeront à la reconstruction en tireront avantage. Par exemple, l’entreprise Makita Power Tools pourrait enregistrer une hausse de demande, mais cette hausse sera minime. D’autres secteurs pourraient voir la demande de leurs produits diminuer. C’est ce qui s’est produit dans la foulée des tragiques événements du 11 septembre 2001.

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Par Fabien Major

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