Caisses de retraite, ça va sauter!

25 juin 2012
bombe

Si vous faites partie des rares privilégiés qui peuvent compter sur un régime de retraite pour assurer vos vieux jours, attendez-vous à de grands bouleversements.

Dernièrement, le grand patron d’AIG Robert Benmosche, a proposé de porter à 70, voir à 80 ans l’âge de la retraite dans les pays industrialisés. Avant de le traiter d’hurluberlu, sachez que notre propre système de pension de vieillesse canadien a choisi la cible de 65 ans, car notre espérance de vie dans les années 50 était de 68 ans. L’état ne payait donc que pendant 3 ans.

Monsieur Benmosche croit qu’en fixant à nouveau les retraites selon l’espérance de vie, les aînés réduiraient le fardeau financier des travailleurs plus jeunes. Cette réalité semble dure à entendre, mais à bien y penser, des jeunes de 70 ans en parfaite santé… on en croise régulièrement.

Notre système de caisses de retraite n’est plus viable. Il ne peut tout simplement pas s’autosuffire. Pas dans les conditions actuelles.

Prenez le bas de laine des fonctionnaires fédéraux; il manque 208 milliards. Ailleurs, c’est pire, rarement mieux. Récemment, à Montréal se tenait le colloque sur l’état des régimes de retraite. Des spécialistes tant du monde syndical que patronal sont venu dresser le portrait. C’est pas beau, tout de suite! 95% des régimes à prestations déterminées (ceux qui garantissent une rente à vie) sont en déficit de solvabilité. Autrement dit, si on ne pellete pas d’argent supplémentaire ou si on ne coupe pas… ça va sauter.

Non, ne cherchez pas de grandes magouilles ou complots obscurs. La crise financière, les taux directeurs au plancher, le vieillissement de la population et des bourses au neutre expliquent ce désastre inévitable.  Pas de fuite en avant possible.

Les régimes «gagnants à vie» sont insupportables

La directrice générale de l’UMQ, Peggy Backman a formidablement bien résumé l’épreuve insurmontable qui attend les municipalités du Québec. Le déficit estimé de leurs régimes à prestations déterminées est de 4 milliards. Depuis 2008, les cotisations patronales sont passées de 59 à 71,3% et la part des salariés est passée de 40,7 à 28,6%.

Voici un cas type. Le genre qui gangrène les régimes des municipalités:

  • Homme de 50 ans, 30 ans de participation. En 1980: Il pouvait quitter à partir de 60 ans et pouvait espérer vivre jusqu’à 71 ans et demi
  • En 2012, le gars de 50 ans peut quitter tout de suite, SANS RÉDUCTION de sa rente, MAIS il peut espérer vivre jusqu’à 80. Il a donc une rente ASSURÉE de 30 ans comparativement à 12 ans, à l’époque.

Ça ne peut plus durer. Il faudra bien un jour que les prestations de retraite dépendent des rendements des placements effectués. Ce n’est malheureusement pas l’ardeur au travail ou le poids politique d’un syndicat qui détermine les prestations futures d’une caisse de retraite.

Nos régimes à prestations déterminées sont l’équivalent de rutilantes Ferrari. Ben voilà, on a plus d’argent pour mettre de l’essence dedans et les assurer. Alors, on fait quoi? Qui veut pousser?

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Par Fabien Major

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