Une PME montréalaise récolte 702 000$ sur KickStarter

10 janvier 2013
arbre argent

wpid-Photo-2013-01-10-2009.jpgDe nombreux jeunes créateurs, inventeurs et entrepreneurs québécois récoltent des milliers de dollars de financement en quelques heures. Bien qu’américain, le populaire site KickStarter contribue de plus en plus à l’économie québécoise. C’est le cas de Sauropod Studio. En juillet dernier, ils ont déposé une demande de financement de 80 000$ pour un projet de jeu vidéo. En moins de 5 heures, l’objectif était atteint. Au bout de 4 semaines, le cadran indiquait 702 516$. Soit 878% de la cible. L’instigateur du projet «Castle Story» François Alain n’en revient pas encore: «À la fin août, on recevait l’argent. C’est pas plus compliqué».

FM: -Mais dites-moi François, ces 700 000$ vous les devez à quelqu’un? Vous promettez un taux d’intérêt?

FA: -Non. Les bailleurs de fonds ne sont que des passionnés. Ils tombent en amour avec notre initiative et nous donnent l’argent. Ils ne s’attendent à aucun retour ou remboursement. Leur récompense, c’est de voir que l’idée se concrétise. Et nous, on les tient au courant du développement, on leur donne accès à des versions Beta et on donne des chandails ou items promotionnels. C’est une relation d’honneur.

GÉNÉROSITÉ 2.0

Vous saisissez? Sur une intention de lancer une entreprise, un jeu, un film ou un site WEB, le public DONNE des millions de dollars. C’est ça, le CrowdFunding. Wow!

Le phénomène KickStarter ne peut plus être ignoré. Seulement en 2012, ce site de financement en ligne a contribué à lancer 18 000 projets en levant 320 millions de dollars américains. KickStarter récolte 600$ la minute provenant de 177 pays. 17 projets ont même réussi à récolter plus d’un million. Le record appartient toutefois à la montre intelligente Pebble. Ses jeunes inventeurs ont reçu 10 millions. Soit 10 266% de plus que ce qu’ils espéraient.

Montres, pizzas, vêtements, opéras, reportage, bandes dessinées, jeux vidéo, disques, livres, films, sites web… TOUS les types de projets trouvent des partisans et des dollars sonnants. En un coup d’oeil, j’ai repéré plus de 200 projets canadiens, dont une trentaine de Montréal.

requins de-la-financeComment est-ce possible?

Je constate que la nature a horreur du vide. Depuis 2009, les entrepreneurs sont dans un cul-de-sac!

-Les anges financiers et gestionnaires de capital de risque sont archifrileux
-Les caisses sont prêtes à prêter… si vous n’avez pas besoin d’argent
-Les conditions de prêts des fonds de syndicats sont déraisonnables
-…Et j’en passe

SOIT. Alors les jeunes créatifs et gens d’affaires pleins de coeur au ventre sont allés chercher les capitaux OÙ ils se trouvent. Directement dans les poches de leurs admirateurs et futurs clients.

Vite sur ses patins, le législateur américain a pondu en toute hâte une loi sur mesure pour autoriser et encadrer le financement populaire (CrowdFund Act). Depuis 3 ans, on estime à plus de 2 milliards les sommes récoltées par les sites de genre. IndieGogo, Crowdfunder et KickStarter étant les plus fréquentés.

ILLEGAL au CANADA, NON! (MAJ)

KickStarter et les autres ont tout-à-fait le droit de récolter des investissements des Canadiens ou financer des entreprises du Canada. Dans une première version de ce billet, j’ai soulevé le contraire. Heureusement Eric Bisson est venu à ma rescousse. Le co-fondateur de laPlebe.ca a bien fait ses devoirs. Il soulève avec justesse que certains articles dans les grands médias entretiennent la confusion. Qui de mieux placer que l’AMF pour trancher sur la légalité d’une démarche de financement? Et que dit-elle sur le sujet? TOUT DÉPEND DE CE QU’ON OFFRE EN RETOUR.

« S’il n’y a pas de promesse d’obtenir des avantages financiers comme une participation aux bénéfices ou des intérêts en retour d’un prêt, le financement participatif n’est pas soumis à la Loi sur les valeurs mobilières. Donc, si vous souhaitez faire un don ou obtenir une récompense symbolique et non monétaire en retour de votre participation financière, c’est légal… »

Au moment de monter le projet destiné à KickStarter, une zone grise inquiétait François Alain de Sauropod Studio. Pour éviter d’avoir des problèmes avec les autorités des valeurs mobilières, ils ont choisi de démarrer une société au Delaware. Certains sites offre le « package » pour 1300$ et le tour est joué! C’est cette société américaine qui est officiellement propriétaire du Studio montréalais. En préparant la demande, ils estimaient que pour un apport de 80 000$, le jeu en valait la chandelle. Comme ils ont obtenus plus de 700 000$… ça en valait vraiment la peine.

Je suis impressionné par la débrouillardise et la « drive » de ces jeunes entrepreneurs, mais un peu désolé par notre manque de dynamisme en entreprenariat. Si on parvient à mieux informer et encadrer nos créateurs et entrepreneurs, ils resteront chez nous et payeront leurs impôts ici.

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Par Fabien Major

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