4 MAUVAIS conseils boursiers

7 août 2012
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La bourse est à la fois un art et une science dans le sens où elle fait travailler les deux côtés du cerveau. En mon sens, ça en fait une activité relativement complexe qui n’est pas donnée à tous. Dans le but de rendre cette discipline accessible à Monsieur et Madame Tout Le Monde, la communauté financière a le don d’y aller de conseils qui m’apparaissent simplistes. Voici quatre conseils que vous devriez rapidement ignorer

Conseil 1: «Achetez ce titre pour son bon dividende.»

Méfiez-vous des gestionnaires qui vous recommanderont un titre en commençant par vanter son bon dividende.

Le dividende n’est pas la cause de la performance de l’entreprise, il est plutôt la conséquence directe de la façon dont la direction gère le capital.  À la limite, n’importe quelle entreprise peut vous verser un gros dividende durant quelques années. Avec les bas taux d’intérêt et un marché où les capitaux sont disponibles, des entreprises peu profitables arriveront tout de même à vous verser votre dividende même si cela nuit considérablement à sa sécurité financière à long terme.

Pour approcher le dividende adéquatement en investissement, il faut le voir comme une simple composante du rendement total que vous obtiendrez sur vos investissements. L’investisseur sérieux ne se demande pas si son dividende est assez élevé, il se demande plutôt quelles sont les perspectives de croissance de l’entreprise et comment la direction gère le capital. Les dirigeants me versent-ils un généreux dividende alors que l’entreprise a toujours de solides opportunités de croissance? Si oui, pourquoi le fait-elle? C’est le genre de question que vous devez vous poser.

En général, j’ai tendance à croire que les meilleures entreprises ne versent pas de dividendes. C’est que ces entreprises parviennent à réinvestir la totalité de leurs flux autogénérés libres dans leurs propres activités tout en permettant d’améliorer leurs propres avantages concurrentiels.

Conseil 2: «Utilisez des ordres de vente STOP pour limiter vos pertes.»

À l’exception de certaines situations extraordinaires, il m’est très difficile de comprendre le réflexe qui pousse certains investisseurs à utiliser des ordres de vente-stop.

Un investisseur qui a bien fait ses devoirs et qui a identifié tous les risques d’une opportunité d’investissement a acheté ses actions, car il croit que l’évaluation fait du sens à long terme. Dans ce cas, une baisse supplémentaire du titre aura pour effet d’améliorer le rendement espéré et non de le réduire.  Vous forcer à vendre le titre simplement parce qu’il a baissé plus d’un certain pourcentage est une stratégie tout simplement perdante, car elle fait de vous une victime de la volatilité des marchés plus qu’un allié.

Cela ne signifie pas de conserver tous vos titres perdants. Au contraire, si un titre de votre portefeuille a baissé énormément, c’est possiblement parce que certains éléments fondamentaux de l’entreprise ont changé. Lorsque c’est le cas, c’est votre travail en tant qu’investisseur autonome d’évaluer ces risques et de déterminer si oui ou non vous croyez toujours en la société en question.

Conseil 3: «Achetez bas, vendez haut.»

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Ce conseil est plus souvent repris par les analystes techniques qui lancent aussi le conseil de suivre la tendance («the trend is your friend»).

Ce que je trouve stupide, c’est que personne ne connaît le haut ni le bas d’un titre au moment même. Au contraire, on ne le sait que lorsque l’évènement et passé depuis un certain temps. L’exemple de la crise financière est éloquent. Qui aurait pu prédire que le creux allait se produire en mars 2009? Même en 2010, il était toujours question de récession en double creux.

À mon avis, écouter ce conseil serait l’équivalent de sombrer dans le market timing. Synchroniser le marché n’est d’aucune utilité si votre horizon de placement est à long terme. Et si vous investissez à court terme, sachez qu’il est extrêmement difficile de prévoir l’humeur des investisseurs. Les analystes arrivent généralement assez bien à prévoir les profits des entreprises, mais ne peuvent prévoir la folie des foules.

Conseil 4: «Soyez craintifs quand les autres sont avides et avides lorsque les autres sont craintifs.»

Cette citation tire son origine de nul autre que Warren Buffett, mais malheureusement, je trouve que celle-ci est reprise à tort par toute sorte d’intervenants qui n’en comprennent pas la signification. C’en est au point ou elle est tout simplement dénaturée.

Appliqué bêtement, ce conseil vous incite à acheter ce que tout le monde vend sans nécessairement mesurer les risques liés à l’opportunité.

Quand j’ai commencé à investir, je prenais un certain plaisir à aller à contre-courant et je me disais que ça allait probablement me récompenser. J’étais dans l’erreur! Ce que les autres font n’a aucune importance sur vos décisions d’investissement. L’investisseur qui prend une décision sous le prétexte que tout le monde fait l’inverse est autant dans l’erreur que celui qui suit la foule et qui se convainc par le fait que les autres sont d’accords. En ce sens, le meilleur conseil serait plutôt d’ignorer la foule et d’agir en toute logique. Cela ne veut pas dire d’ignorer tous les conseils, mais plutôt d’effectuer vos propres vérifications pour chaque opportunité d’investissement.

Ce billet de Pierre-Olivier Langevin a été publié originalement sur le blog Journal d’un Y sous le titre: « Évitez comme la peste ces 4 conseils boursiers »

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