Gérer ses finances, plus cher qu’on le croit (suite et fin)

30 avril 2016
Costa Concordia

Pour faire suite au billet du mois dernier, voici une liste sommaire des erreurs les plus courantes que les financiers amateurs commettent dans leur quête pour sauver quelques dollars. En s’improvisant analyste agrée, comptable professionnel, notaire, planificateur, économiste, stratège en chef et négociateur de devise, etc., et je ne sais quoi, on finit par faire le contraire de ce que l’on souhaitait obtenir. Bref, on érode lentement mais sûrement sa richesse.

Négliger l’impôt. Il y a quelques années, un proche s’est mis dans la tête que c’était très facile de gérer soi-même son portefeuille de placement. Il avait en effet réalisé quelques bons coups dans le passé, mais comme les nuages ont fini par assombrir le paysage économique, il a complètement perdu la touche. La volatilité de son portefeuille était telle qu’il est passé d’une valeur de 200 000$ à 500 000$, mais a terminé l’année à 205 000$. Le pire était passé selon lui. Il avait réussi à sauver les meubles. ERREUR.

En février, il reçut une facture fiscale indiquant un gain en capital de 300 000$. Il devait donc près de 75 000$ en impôt. Mais comment est-ce possible? Simple. En négociant activement ses titres hebdomadairement, il réalisait parfois de bons gains qui se sont additionnés au courant de l’année. La rotation de son portefeuille fut de 200%. Cela signifie qu’il a changé 2 fois toute sa répartition de titres. Pour les gains réalisés, on comprend que cela a généré une facture fiscale. Comme il a négligé de conserver une réserve pour payer la note, mais qu’il a plutôt joué et perdu ses gains, son avance a simplement fondu comme neige au soleil. Si vous déplacez vos actifs et perdez vos gains acquis dans l’année, l’Agence du revenu n’en a que faire. C’est votre problème.

Investir uniquement au Canada. Cette attitude perdante n’est pas propre à nous. On observe les chauvins de l’investissement en France, en Angleterre, aux États-Unis, en Chine. On a toujours tendance à concentrer ses actifs de manière régionale ou vers les compagnies et institutions qui nous entourent. Pourtant, la globalité des marchés est le thème économique dominant depuis plus de 30 ans. Si vous souhaitez vous enrichir, pensez INTERNATIONAL. Le professionnel de la finance qui supervise la répartition adéquatement sera toujours soucieux d’un saine diversification internationale.

Se fier aux manchettes des journaux. On ne joue pas au plus fin avec les marchés. Malgré votre emploi à temps plein (hors de la finance et l’économie), vous considérer que la consultation régulière de forums de traders, de pages Facebook de pseudogourous et la lecture assidue du Journal Les Affaires vous ont permis de vous voir comme un expert? Hum. Soyons sérieux. Les marchés financiers sont d’une grande complexité. La performance des grands gestionnaires institutionnels de fonds communs et de pensions est le résultat de décennies d’expériences, de formations pointues, d’intuition développée et d’esprit de synthèse aiguisée par des dizaines de milliers d’heures d’essais et d’erreurs. Peut-être avez-vous déjà fait une couple de bons coups. C’est bien. Maintenant, il faut répéter les résultats chaque année. Là, c’est moins évident. C’est pour cela que les gestionnaires d’exception ne se fient pas sur les médias pour se faire un point de vue sur une entreprise en particulier. Ils fondent leur jugement sur de nombreuses visites en personnes. Ils ne jouent pas à la bourse, ils achètent des participations dans des compagnies qu’ils connaissent de fond en comble.

Suivre la foule est un comportement qui vous assurera de toujours payer trop cher. Le suiveux en bourse, arrive toujours après que la tendance émergente aura donné sa grosse poussée de rendement. Le même phénomène de superstition s’observe avec la loterie. Les moutons vont se « garrocher » au dépanneur qui a vendu le billet gagnant… de la semaine précédente. Dans un troupeau boursier, on trouve des millions de personnes qui ne font qu’imiter leurs voisins. Ils vendent et achètent sans analyse au pire moment. Les grands titres des journaux les poussent à vendre et à acheter les actions de pacotille des compagnies qui font les manchettes et laissent les perles, rubis et diamants traînés hors des sentiers. À la portée des investisseurs rusés et expérimentés.

Négliger les devises. Avec la diversification internationale arrive un nouveau problème, les riques de taux de change (ou conversion des devises). L’action que vous achetez pourrait bien faire 10% de gain, mais si vous n’êtes pas protégé contre les mouvements brusques des monnaies, vous pouvez très bien avoir des rendements négatifs. L’actualité nous offre présentement un enseignement précieux. Entre le 1er janvier et le 30 avril 2016, la valeur du dollar canadien est passée de 69 cents à 80 cents par rapport à la devise américaine. Cet écart de 11 cents représente 16% de perte de valeur pour celui qui possédait un compte de banque en devise US. Ne pas tenir compte des fluctuations du Yen, de l’Euro, du Dollar, du Peso … dans ses choix d’actions ou d’obligations peut vous jouer de très vilains tours.

L’évaluation simplifiée. Ce n’est pas parce qu’un titre vaut moins de 2$ que c’est une aubaine. Ce n’est pas non plus parce qu’un autre se vend à 650$ qu’il est cher. Le boursicoteur amateur n’a souvent aucune idée des données fondamentales contenues dans les états financiers des compagnies pour justifier ses achats. Il ignore ce qui se passe dans les conseils d’administration ou dans les notes afférentes. Par exemple, il est tenté par BlackBerry parce que l’action a reculé sous les 10$ et que « tout ce qui baisse va remonter ». Les cours boursiers n’en ont que faire de l’espoir. Il arrive que ce qui a chuté reste au plancher pendant des années, voire des décennies. Pensez à Nortel, Eaton, Pages Jaunes, BreX, BlockBuster, Bear Stern, Polaroid, Palm, Bombardier… etc.

Paniquer lors des baisses. On ne le répétera jamais assez : Si votre portefeuille est diversifié, les baisses de valeur ne seront que temporaires. On ne perd réellement que lorsqu’on vend. Les réactions trop émotives sont très mauvaises conseillères. Le monde de l’investissement est constamment en mouvement. Tout bouge et tout le temps. Comme la surface de la mer, un portefeuille ne peut demeurer fixe et plat. Il y aura des creux, des vagues, de la houle et parfois des tsunamis. C’est pour ça qu’il vous faut un plan de navigation et une solide connaissance de cet océan de données financières. Si vous ne vous sentez pas assez expérimenté, alors confiez la barre de vos placements à quelqu’un qui possèdent les instruments et le navire adéquat pour vous amener à bon port.

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Par Fabien Major

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